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Roger Job

Turkanas – Les premiers derniers homme

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Photojournaliste depuis 1988, Roger Job rapporte de tous les continents des reportages sur les victimes de guerres et de catastrophes, et reçoit en 1992 le prix Reporters sans frontières Belgique. En 1997, il effectue deux voyages au Turkana, au nord-ouest du Kenya. Il y rencontre un peuple qui, en harmonie avec la nature, vit depuis toujours du pastoralisme, accomplissant de longues marches à la recherche d’eau et de pâturages pour les troupeaux. Lors d’un nouveau voyage en 2008, il découvre comment leur vie a basculé en quelques années à la suite du changement climatique et décide alors de mettre en œuvre ce grand reportage photographique

En 2009 et 2010, il ne fait pas moins de sept voyages au Turkana pour partager la vie de ces pasteurs nomades, réalisant avec eux les marches épuisantes - 663 km - indispensables à la survie des hommes et du bétail. La sécheresse, qui dure depuis une dizaine d’années, les oblige à se déplacer de plus en plus souvent, à creuser des puits toujours plus profonds, et provoque la mort des troupeaux ou leur abattage. Les groupes doivent se diviser pour assurer la sécurité alimentaire ; la raréfaction de l’eau et des pacages entraînent une insécurité et des tensions entre les ethnies concurrentes ; l’exode vers les villes s’accroît : autant de conséquences qui impliquent également le dérèglement de leur vie sociale. Ni ethnologue, ni anthropologue, Roger Job rend hommage à ces hommes dépositaires d’un savoir millénaire, libres et indépendants, qui ont fait du pastoralisme un art de vivre et existent au rythme des transhumances. Touchés de plein fouet par le bouleversement climatique, les Turkanas endurent cette mutation qui décime leurs troupeaux et compromet leur mode de vie. Mais, à la sécheresse, cet ennemi que d’autres ont dressé contre eux, ils opposent une résistance digne, ferme et silencieuse, et c’est elle plus particulièrement qu’évoquent les photographies de Roger Job. Ce photojournalisme engagé, efficace et rigoureux, parle à nos consciences. «Ces ‘derniers premiers hommes’ risquent de devenir sous peu ‘les premiers derniers hommes’ préfigurant le sort que se réserve l’humanité si n’est pas plus tôt résolue la question de l’eau – ce bien commun à tous les hommes – son accès, son partage, son économie . (…) Par le biais de ce petits groupes d’hommes plus immédiatement menacés, c’est tout l’enjeu du futur qui se profile ici, et plus largement le sort des êtres humains dont 1,5 milliard sont aujourd’hui déjà privés d’eau potable*.»