Dès cette première série, l’exploration des effets techniques inhérents au procédé nous livre des images d’une diversité et d’une modernité remarquables. Lumières et mouvements se conjuguent, bousculent la réalité, transgressent les évidences visuelles. Ces photographies qui mêlent une étrange banalité et une nouvelle poésie du regard annoncent, comme le feront celles de Robert Frank ou de William Klein, ce formidable élan d’indépendance du médium qui marquera les années à venir.

Serge Clément s’inscrit dans ce mouvement. Issu de la tradition documentaire, il s’en écarte en développant une perception particulière de la réalité la plus anodine. Il saisit les aberrations, capte le hors-champ dans le cadre, matérialise des instants invraisemblables. Ses images sont purement photographiques, et c’est cela aussi qui fascine dans le spectacle qu’il nous offre d’un monde paradoxal, lumineux et sensible. Sa grande maîtrise de la lumière nous trouble, suscite l’émerveillement et la rêverie.

Mouvantes, si proches du cinéma, (ce n’est pas un hasard si l’un et l’autre ont pratiqué cette technique…) les photographies de René Groebli et de Serge Clément réussissent cet exercice délicat de transformer l’image de notre environnement en un questionnement permanent dont nous sommes à la fois l’objet et l’acteur.

René Groebli est représenté par Csaba Morocz Photographies, Paris.

Serge Clément est représenté par la Galerie Le Réverbère de Lyon