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Hien Lam Duc / Loïc Le Loët

Gens d’Irak

Loïc Le Loët
Palestine, 2001-2002

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Nous l’affirmons, « voir » n’est pas « comprendre ». Pourtant, face au débat récurrent mettant en cause la raison d’être du photo reportage contemporain, une seule question reste prioritaire : quels moyens aujourd’hui pour comprendre le monde dans ses crises profondes et graves, dans ses mécanismes complexes ?

Ni plus ni moins que n’importe quel autre moyen d’information, la photographie a pu perdre sa crédibilité sous les pressions de l’argent-roi, mais elle a aussi ses propres codes de résistance. Traité sans précipitation, mais dans une durée qui permettra la maîtrise du sujet, abordé avec des exigences de précision et d’indépendance, présenté au public dans sa complexité avec le respect de quelques règles élémentaires nécessaires à la compréhension (série suffisante d’images évitant « l’icône »simplificatrice, accompagnement des témoignages écrits ou oraux des photographes, présentation dans un cadre adéquat offrant l’accès à quelques outils complémentaires, livres, cartes, films, ...), le reportage photographique parle toujours au public.

Hien Lam Duc écrit lui-même à propos de ce travail qu’il a réalisé pendant dix ans : ...« je suis devenu au fil des années le témoin direct de la souffrance de la population irakienne, une population coincée entre les effets dévastateurs de l’embargo international décrété dès 1990 et la terreur imposée par le régime de Saddam Hussein. L’embargo a pourtant fait preuve de son inefficacité, le régime l’ayant d’ailleurs tourné à son profit. ...»

Les photographies de Loïc Le Loët font également le constat d’un conflit qui s’aggrave chaque jour, mettant en évidence les signes d’une guerre qui refuse son nom et l’inégalité de l’affrontement. De Jénine à Gaza, l’oppression subie par le peuple palestinien est perceptible à chaque image, là même où l’importance de la situation a parfois été gommée par les médias.

 

Tous deux photographes de talent et témoins concernés, ils sollicitent le dialogue avec le public, sans étouffer le questionnement sous un pathos de bon ton. Construites, directes et informées, leurs images donnent une dimension grave et humaine à des événements importants de notre actualité, tissent un sens entre « voir » et « comprendre » et s’adressent à nous comme un véritable plaidoyer contre la guerre.