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Archives 2006-2010

Wendy Watriss & Frederick C. Baldwin

Looking at the U.S. 1957-1986

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Né en Suisse en 1929, Frederick Baldwin mène une carrière de journaliste et de photographe. Après un documentaire sur la vie en Arctique, il réalise plusieurs reportages dans l’état de Géorgie, sur les « Chevaliers de Ku Klux Klan », citoyens radicaux prônant la ségrégation et la haine raciale, en 1957, et, en 1963 et 1964, sur les luttes pour les droits civiques des Afro-américains rassemblés derrière Martin Luther King et sur une communauté blanche misérable de Savannah. Il part ensuite en Malaisie, puis, en 1966, en Inde et en Afghanistan pour le compte de magazines. Il livre la même année un travail sur la pauvreté en milieu rural dans le sud des Etats-Unis.

Wendy Watriss, quant à elle, est née à San Francisco et passe son enfance sur la côte est des Etats Unis et en Europe. Elle devient journaliste spécialisée en questions politiques pour un journal en Floride, puis travaille pour la télévision publique de New York. En 1970, elle poursuit une carrière de photographe et d’écrivain indépendant. Tous deux se rencontrent à New York en 1971 et « c’est le début d’une complicité tant photographique qu’affective. »* Entre 1971 et 1979, ils effectuent ensemble un reportage photographique au cœur du plus grand et du plus mythique des états américains, le Texas. Ils vivent en caravane afin de faire face aux questions financières et de pouvoir s’immerger au mieux dans la vie locale. Ils s’intéressent principalement au milieu rural, explorant toutes les communautés, germaniques ou afro-américaines, et toutes les catégories sociales. Ils œuvrent de concert, sans revendication stylistique individuelle pour privilégier le message commun sur une Amérique complexe et pluriculturelle. Leurs photographies « prolongent indéniablement l’esprit de la tradition photographique de l’enquête sociale des Lewis Hine, Walker Evans, Dorothea Lange ou de quelques autres photographes de la Farm Security Administration ; sans pittoresque ni sensationnalisme, dans le constat documentaire, elles livrent une série d’informations essentielles et de précieux détails sur le mode d’existence de ces populations, des textes résultant d’enquêtes les accompagnant. » Wendy Watriss est également, de son côté, productrice de documentaires sur la guerre au Viêt-Nam, sur l’histoire des régimes communistes d’Europe, sur la guerre civile au Salvador ou au Nicaragua. Entre 1980 et 1986, à la demande de Life Magazine, elle fait un reportage sur l’Agent Orange, substance chimique déversée par l’armée américaine au Viêt-Nam, au Laos et au Cambodge, et qui fit des ravages sur les populations civiles et sur les soldats eux-mêmes. Son témoignage sur ces vétérans atteints de maladies incurables et sur leurs enfants, à qui ils ont transmis de profonds handicaps, dans sa sobriété et sa dureté, constitue un vrai plaidoyer contre la guerre. Pour ce travail, la photographe reçoit le World Press et le prix Oskar Barnak en 1982. En 1983, Wendy Watriss et Frederick Baldwin fondent l’une des plus importantes rencontres internationales de la photographie, la FotoFest de Houston. Cette exposition, inédite en France, propose une relecture de cinquante années d’histoire contemporaine des Etats-Unis à travers des étapes essentielles et en traduisant au mieux la complexité d’une grande nation qui ne cesse d’exercer pour l’étranger tour à tour fascination et perplexité.